lundi 1 octobre 2012

Le lait de la colère

OUI, je soutiens les 9 paysans assignés 

au pénal pour avoir déversé "le lait de la colère".


Ce jeudi 4 octobre 2012 nous devons accompagner ces 9 personnes qui paient les pots cassés alors qu'ils étaient plus de 300 en colère !

Rendez-vous à 12h30 place Jean Jaurès pour une marche solidaire jusqu'au tribunal. Les organisations professionnelles agricoles leur réclament 117 730 euros de dommages et intérêts. Nous pouvons également leur apporter un soutien financier auprès de l'association :  "Comité de soutien des paysans" Bas lieu 42141 St Denis sur Croise.


Un entretien avec Raymond et Sylviane Pitiot -mon oncle et ma tante-, qui ont participé à ce mouvement. Ils reviennent sur cette "crise du lait", sur la lutte menée à l’époque et sur la répression qui s’abat, trois ans plus tard : Raymond fait en effet partie des neuf paysans qui comparaîtront.


Replacer l' action du 21 septembre 2009 dans son contexte 

Dès le début 2009, la Confédération paysanne tire la sonnette d’alarme : « Si l’on ne maîtrise pas la production laitière, nous allons au-devant d une grande catastrophe ! ».
Courant mai, l’arrivée des paies d’avril provoque un coup de tonnerre dans les campagnes : 216 euros les mille litres !

La stupeur fait rapidement place à la colère. Dès lors, les actions se multiplient afin de réclamer un prix du lait décent et correspondant au prix de revient des paysans ainsi qu’une véritable politique laitière. Les actions s'enchaînent à un rythme effréné :
En mai, blocage de la préfecture de la Loire puis des usines Lactalis et Sodiaal.
En juin, actions à la MSA1, blocages d'usines Sodiaal dans la Loire et l'Isère, nouveaux blocages chez Lactalis, nouvelle action à la préfecture.
Face à nous, un état silencieux plus prompt à envoyer la troupe plutôt qu’à négocier et des industriels laitiers qui ne veulent surtout pas remettre à plat la répartition des marges au sein de la filière laitière. Pendant ce temps, la contestation prend de l'ampleur, les rangs des manifs grossissent, les gens désespérés sont de plus en plus déterminés.

Fin juin, nouvelle action à la MSA qui sera suivie d'une grande marche silencieuse à travers les rues de St Étienne.
En juillet, nouvelle action pour tirer la sonnette d'alarme à la MSA et toujours pas de réponses à la hauteur des enjeux. Puis, c'est au tour du Crédit Agricole d'être visé, sans succès, le dialogue ne s installe pas.

Fin août, sous le kiosque place Jean Jaurès, la Conf’ invite l’ensemble des OPA2 à débattre et à échanger avec les paysans. Sous la pluie de très nombreux paysans débattent et échangent, sans les OPA dont le silence interpelle.

Le 16 septembre, le lait de la grève est épandu chez Sodiaal à La Talaudière et chez Lactalis à Andrézieux-Bouthéon puis à Sauvain. Le lendemain, c’est au tour des élus réunis autour des petits-fours et du champagne au centre de thalassothérapie de Montrond-les-Bains de recevoir la visite des producteurs de lait. Deux mondes se télescopent : des élus incompétents et qui se foutent royalement du désarroi grandissant des producteurs de lait.
Dialogue de sourds : « Nous sommes assis sur un baril de poudre et personne n'en a conscience ». Le ton monte, les paysans semblent prêts à tout même au pire. Le désespoir n’est jamais de bon conseil !

Le 21 septembre 2009, 300 à 350 producteurs de lait de tous horizons syndicaux se réunissent au musée l’Art Moderne, tonnes à lisier remplies de lait. La cible du mécontentement… une crise qui n’en finit pas, des élus autistes, une administration qui applique avec zèle la politique d'élimination des paysans  initiées par Mariann Fischer Bool et relayé par le gouvernement français.
Alors, tout le monde se dirige vers la Cité de l'agriculture où les paysans déversent le lait de leur colère... pas de cri de joie ou de victoire mais le sentiment de désespoir, d’épuisement, de refus de la fatalité... Le combat de la dignité et de la vie....

Nous refusons d’être la variable d’ajustement des appétits voraces de profits de l’agro-industrie.

1 Mutualité Sociale Agricole
2 Organisations Professionnelles Agricoles

Aucun commentaire: