lundi 11 mars 2013

Récup' dangereuse !?

Bien que mon précédent post sur le retrait de la ligne moyenne tension n'était pas des plus passionnant, je vais vous en reparler ! Un peu de lecture, mais c'est intéressant !

Les poteaux tombés au sol en font rêver plus d'un ! En effet, ce bois défit la logique naturelle en restant imputrescible pendant des dizaines d'années et cela sans entretient ! Wouaw ! En plus, ces poteaux semblent facilement récupérable. D'une part car ils sont au sol depuis plus d'un mois à la portée de celui qui les veut. Et d'autre part, on peut apparemment les récupérer légalement et gratuitement en signant une décharge auprès des équipes dépêchées sur le terrain pour les retirer. Bref, pourquoi se priver d'une telle prouesse technique !?

Quand c'est trop beau... C'est louche ! Et puis c'est pas si beau que ça : Qui n'a jamais sentit cette odeur nauséabonde en passant à coté d'un poteau poisseux suintant un jour de forte chaleur ? Je décide donc de me renseigner un peu sur le sujet...

Il existe deux types de poteaux : Les noirs qui sentent mauvais et les verts "tout beau tout propre". Ils résultent de deux traitements autoclaves (sous vide et sous pression) différents.
Respectivement à la créosote...
 
...et aux sels CCA (Cuivre, Chrome, Arsenic).
Un des fabricants de ces poteaux nous renseigne sur ces deux types de traitements :
- La créosote provient de la distillation de la houille. Elle est composée d’Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP) qui sont biodégradables, mais à très longue échéance puisque leurs molécules sont très grandes. Il faut donc éviter les fuites de créosote vers le milieu extérieur. Les créosotes utilisées de nos jours (WEI Type C) sont beaucoup moins volatiles et lessivables qu’auparavant, ce qui réduit les fuites vers l’environnement pendant la durée de vie du bois. La créosote reste donc dans le bois qui, s’il est ensuite recyclé à une température suffisante, permettra une dégradation complète des HAP, et donc un recyclage sans rejet.

-Les formulations de sel se sont considérablement améliorées au cours des dernières années, avec la suppression de l'Arsenic voire du Chrome dans certaines formules. Les bois imprégnés nécessitent une période de fixation afin que la solution de sel puisse se fixer au bois de manière permanente et persistante. Le recyclage des bois traités au sel doit se faire dans des installations appropriées car la combustion du bois va libérer les métaux lourds associés au sel utilisé lors de l'imprégnation.

En juillet 2010, une "Charte d'engagement volontaire relative à la réutilisation et à l'élimination des poteaux et des traverses en bois traités à la créosote et au CCA" a été signée par : la secrétaire d’État à l'écologie Chantal Jouanno, Réseau ferré de France (RFF), ErDF, France Télécom, la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) ainsi que par l'association Robin des Bois (association qui a donné l'alerte sur ce sujet).

Dans cette charte, on apprend :
- La créosote est nocive par inhalation (vapeurs toxiques et irritantes pour les yeux et les voies respiratoires), par combustion (dégagement de gaz toxiques) et par contact cutané (irritation de la peau, dermite phototoxique en cas d’exposition aiguë, cancers cutanés en cas de contacts répétés et prolongés). La créosote est classée cancérogène de catégorie 2 (Substances devant être assimilées à des substances cancérogènes pour l’homme. On dispose de suffisamment d’éléments pour justifier une forte présomption que l’exposition de l’homme à de telles substances peut provoquer un cancer).
- Les CCA sont très toxiques (intoxication par l’arsenic), par inhalation (vapeurs toxiques, poussières), par combustion (dégagement de gaz toxiques) et par contact cutané (irritation des yeux et de la peau). Les CCA contiennent notamment de l’arsenic qui est une substance classée cancérogène de catégorie 1 (Substances que l’on sait être cancérogènes pour l’homme. On dispose de suffisamment d’éléments pour établir l’existence d’une relation de cause à effet entre l’exposition de l’homme à de telles substances et l’apparition d’un cancer), et dont les effets sont susceptibles de survenir en cas d’inhalation ou d’ingestion répétée.

Ça donne déjà un peu moins envie de récupérer ces poteaux ! Je continue, toujours dans la même charte :

Compte tenu de la quantité résiduelle estimée de créosote ou de CCA dans les bois au moment de leur retrait, ces derniers sont donc des déchets dangereux au sens de l’article R.541-8 du code de l’environnement.

Qui dit déchets dangereux dit recyclage. Cette charte prévoie donc la mise en place d'une filière de traçabilité et de recyclage pour ces déchets. Malheureusement, le stock de ce genre de bois diffusé depuis des années chez les particuliers est trop diffus, impossible à tracer et donc impossible à recycler.

Alors que les différents signataires de cette charte s'engage à "n’effectuer aucune cession à des particuliers", quid de la possibilité de récupérer les poteaux sur simple demande aux équipes chargées de les enlever ? Et les bouts de poteaux resté dans les sols ?
Bref, ces cochonneries n'ont pas finit de polluer sournoisement ! En tous cas, vous l'aurez compris, je ne vous encourage pas à récupérer ces poteaux !

Pour les curieux :
Association Robin des Bois : Déchets dangereux : le cas des traverses de chemins de fer traitées à la créosote et des autres bois traités à l'arsenic.
Actu environnement : Poteaux et traverses usagés : vers une meilleure élimination du bois pollué.

1 commentaire:

Stéphanie a dit…

Pfff encore un scandale qui passe inaperçu... combien de poteaux en bois en France ? J'ose même pas imaginer...